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Mommy – Xavier Dolan

 

exclusive-poster-for-mommyAmour, violence, tendresse, privations et exagérations se mêlent dans le dernier film du jeune réalisateur Xavier Dolan, Mommy, vainqueur du prix du jury – ex aequo avec Jean-Luc Godard et son Adieu au langage – au dernier festival de Cannes.

Mommy nous parle du rapport entre Diane, jeune veuve québécoise et son fils adolescent, Steve, qui souffre d’un déficit d’attention et d’hyperactivité. L’esthétique de la pellicule est celle de la périphérie: vêtements, musiques et gestes rappellent ce milieu, loin aussi bien du cœur culturel de la ville que des endroits naturels typiques du Québec. Dans la fiction imaginée par Dolan, l’État a approuvé une loi qui permet aux mineurs avec problèmes psychologiques, dans des cas d’urgences, un abri forcé dans un institut psychiatrique.

C’est après une mauvaise conduite chez le centre auprès duquel il séjournait, que Diane doit reprendre Steve chez soi. La vie de Diane change drastiquement: le rapport avec Steve est totalisant. On passe de l’amour à la haine, de la tendresse aux provocations sexuelles. On traverse, avec eux, tout le spectre des émotions humaines, qui dépasse, avec sa puissance, la distinction entre normal et pathologique. Dolan arrive à créer une tonalité mélodramatique qui s’atténue plusieurs fois dans l’ironie: on éprouve de l’empathie soi pour la vie difficile de Diane soi pour les problèmes de Steve.mommy_a

En reprenant une intuition déjà utilisée dans Lawrence Anyways, Dolan joue avec les formats de l’écran. On passe d’un cadrage très strict, même plus qu’un 4:3, au traditionnel 16:9, selon des choix dramatiques: la claustrophobie de l’incompréhension s’ouvre vers l’accueil de l’autre, dans une sorte de dialectique visuelle de la communication.

Intéressant est encore le rapport soi de Diane soi de Steve avec la voisine Kyla, enseignante en congé sabbatique pour soigner son bégaiement. Kyla est le seul personnage, à part Diane, qui réussit à entrer en communication avec Steve, en l’aidant à contrôler sa rage.

mommy2Très importante est l’utilisation de la musique pop qui accompagne l’histoire, de Dido à Lana Del Rey, des Eiffel 65 aux Oasis, des One Republic aux Simple Plan.

Pop n’est pas seulement le genre de la musique prédominante chez Mommy, mais aussi la modalité d’utilisation des musiques et, plus en général, le cinéma de Dolan qui n’a pas honte de l’excès hyper-dramatique ni d’un esthétique qui renvoie aux vidéoclips. Il est capable de prendre tout ce matériel «populaire» et de le transformer, avec une excellente capacité technique, en une vision personnelle de la réalité. Défiant le risque du kitsch, Dolan, avec Mommy, fait naitre un nouveau regard, tout à fait moderne.

Giulio Piatti

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